EETA 79001 (Crédit photo : NASA)

EETA 79001

chute observée trouvaille

Date :
Lieu :

Poids :
Age :
Type :

13 janvier 1980
Elephant Moraine
(Antarctique)
7942 g
180 millions d'années
Shergottite
(intermédiaire, permafique, à olivine et mafique)

EETA 79001 a été découverte lors de la campagne de recherche ANSMET de 1979 dans le secteur d'Elephant Moraine en Antarctique. Il s'agissait de la pierre la plus massive ramenée par l'expédition cette année là. La surface de la météorite est recouverte par endroit d'une belle croûte de fusion noire et exhibe également des regmaglyptes. EETA 79001 est sans contexte l'une des roches martiennes les plus importantes, puisque, comme nous le ferons plus loin, il s'agit de la première météorite identifiée comme provenant de la planète Mars.

EETA 79001 comporte deux lithologies bien différentes (A et B) qui sont séparées par une ligne de contact particulièrement visible. De nombreuses petites poches et veines de verres sombres parsèment également la roche. Ces dernières ont été regroupées sous le nom de lithologie C.

La lithologie A est constituée d'un basalte à grains fins (pyroxènes, plagioclases choqués en maskelynite, chromite, whitlockite, apatite, ilménite, pyrrhotite) ayant intégré des cristaux étrangers d'olivine, de spinelles et de pyroxènes. Ces xénocristaux forment des agrégats d'un beau jaune clair qui sont disséminés dans la masse rocheuse de la lithologie A. Ils sont similaires à ceux que l'on rencontre dans la lithologie poecilitique de la météorite ALHA 77005.

La lithologie B est quant à elle constituée d'un basalte homogène formé de cristaux lamellaires d'augite noyé dans une matrice de pyroxènes (augite, pigeonite) et de plagioclases choqués en maskelynite. Parmi les minéraux accessoires, on trouve des oxydes (ulvöspinelle, ilménite) ainsi que des phosphates (apatite, whitlockite). La texture de la lithologie B est similaire à celle de la météorite Shergotty. Les grains minéraux sont cependant légèrement plus gros (0,3 mm) que ceux de la lithologie A (0,15 mm).

Les deux lithologies ne proviennent vraisemblablement pas de la même source magmatique. EETA 79001 a peut-être été formée par des coulées de lave successives (une coulée correspondant à la lithologie A, l'autre à la lithologie B). La lithologie A pourrait aussi représenter une roche fondue lors d'un impact ayant incorporé la lithologie B et les agrégats d'olivine en tant que clastes.

La lithologie C est constituée de veines sombres qui zèbrent la roche (la plupart du temps au niveau de la lithologie A), et qui s'interconnectent par endroits en donnant naissance à des vésicules noires qui peuvent être particulièrement volumineuses (jusqu'à 1 centimètre de diamètre). Des carbonates (calcite) et d'autres sels (sulfates, nitrates) se sont déposés dans certaines fissures, peut-être à la surface de Mars (bien qu'une altération terrestre ne puisse être exclue).

En 1983, une forte concentration de gaz rares (Néon, Argon, Xénon, Krypton) fut découverte dans ces poches vitreuses. Les analyses montreront que la composition de ces inclusions gazeuses correspond à celle de l'atmosphère martienne, telle qu'elle a été mesurée par les atterrisseurs Viking en 1976, et conduiront à l'identification d'une toute nouvelle classe de météorites, les météorites martiennes (ou SNC). Ces résultats spectaculaires seront ensuite confirmés par l'étude des gaz emprisonnés dans la météorite Zagami (1995) et Shergotty (1998).

Des composés organiques (acides aminés, PAHs) ont été mis en évidence au niveau des lithologies A et C, mais d'après l'étude des rapports isotopiques du carbone, ils proviennent vraisemblablement d'une contamination terrestre. Point intéressant, les cristaux de titanomagnétite et de pyrrhotite semblent avoir conservé une très faible magnétisation.

Au moment de son éjection de la surface martienne par un impact d'astéroïde, EETA 79001 a été soumise à une pression très importante. La composition du matériau vitreux qui s'est formé par la fusion de la lithologie A indiquerait une pression de l'ordre de 80 GPa. D'autres indices (vitrification des xénocristaux d'olivine appartenant à la lithologie A, transformation des plagioclases en maskelynite) laissent penser que le choc a effectivement été d'une rare violence.

L'âge d'EETA 79001 s'est révélé difficile à déterminer, principalement parce que la météorite est hétérogène et intensément choqué. EETA 79001 est âgé de 180 millions d'années environ, un age similaire à celui des autres shergottites et d'ALHA 77005. Cet âge concerne la roche dans son ensemble, et ne peut s'appliquer aux trois lithologies qui forment EETA 79001. L'âge d'exposition est situé entre 0,5 et 1 million d'années. Les analyses n'ont pas réussi à déterminer avec exactitude le temps qu'EETA 79001 a passé dans les glaces de l'Antarctique avant d'être récupérée. Selon les auteurs, l'age d'exposition terrestre varierait entre 10 000 ans et 60 000 ans.

Labrot © 1997-2025. Dernière mise à jour : 05 août 2002.