La sonde Nozomi, conçue par l'Agence Spatiale Japonaise ISAS
(Japanese
Institut of Space and Astronautical Science) sera la première sonde japonaise à
atteindre une autre planète. Le Japon est la troisième nation après les Etats-Unis et
la Russie à envoyer une mission d'exploration interplanétaire. Cette sonde,
d'abord connue
sous le nom de Planet B, a été rebaptisée après son lancement Nozomi, ce
qui signifie espoir en Japonais. Nous verrons que les scientifiques vont
en avoir besoin !ObjectifsL'objectif de la mission Nozomi, qui comprend uniquement un orbiteur, est l'étude sur une longue période de la haute atmosphère martienne et de son interaction avec le vent solaire. La planète Mars ne peut plus compter sur la présence d'un champ magnétique pour s'opposer au vent solaire, et la haute atmosphère est donc directement exposée à celui-ci. Cette interaction pourrait être l'un des processus majeurs gouvernant l'évolution de l'atmosphère martienne. De ce point de vue, Mars pourrait être similaire à la planète Venus, où la haute atmosphère interagit de manière significative avec le vent solaire. Au cours de sa mission, Nozomi va se focaliser sur 5 domaines particuliers : l'étude du champ magnétique, de l'atmosphère et de l'ionosphère (structure, composition et dynamique), la photographie de la surface de la planète et de ses deux lunes, et enfin la détection d'un éventuel anneau de poussière sur l'orbite de la lune Phobos. L'ionosphère, cette couche de la haute atmosphère riche en ions et en électrons, va faire l'objet d'une attention toute particulière. L'ionisation des gaz de l'ionosphère est provoquée par la forte absorption du rayonnement ultraviolet en provenance du Soleil. Si les composés neutres ou ionisés de l'ionosphère possèdent assez d'énergie, ils peuvent échapper au champ gravitationnel de Mars et se perdre dans l'espace. L'étude de ce mécanisme (ainsi que l'étude de composés légers comme l'hydrogène et le deutérium qui sont des marqueurs atmosphériques importants) permettra d'obtenir des informations essentielles sur l'histoire et l'évolution de l'atmosphère martienne. Nozomi observera aussi les tempêtes de poussières qui sont capables d'échauffer la basse atmosphère et d'augmenter la densité de la haute atmosphère martienne. La sonde enverra également des ondes de hautes fréquences pour tenter de détecter des traces d'eau ou de glace dans le sous-sol martien et servira de plate-forme de test pour un certain nombre de technologies qui seront utilisées lors de prochaines missions interplanétaires japonaises (navigation autonome, détermination précise des paramètres de l'orbite, communication longue distance, etc). La sonde NozomiD'un poids de 541 kg (dont 285 kg de carburant), Nozomi mesure 0,58 mètre de haut et se présente sous la forme d'un prisme carré avec des coins tronqués. Les panneaux solaires sont situés sur les côtés de l'engin. L'antenne de communication est fixée sur la partie supérieure, à l'opposée du système de propulsion. Le moteur de la sonde est capable de délivrer une poussée de 500 newtons. La sonde est stabilisée par rotation, à raison de 7,5 tours par minute. Au niveau des télécommunications, la sonde communique avec la Terre grâce à des transmetteurs à bande S et X. Le débit varie de 64 bits par seconde à 32 kilobits par seconde, et les signaux sont captés principalement par l'antenne de 64 mètres de la station de poursuite Usuda au Japon. Les instruments scientifiquesLa sonde Nozomi est équipée de 14 instruments scientifiques de cinq nationalités (japonaise, canadienne, suédoise, allemande et américaine), disposées sur son pourtour. La masse totale des instruments embarqués est de 35 kilogrammes. Grâce aux équipements de communication, des expériences radio sont également possibles. L'orbite suivie par Nozomi est elliptique, et l'utilisation des instruments va donc dépendre de la portion de l'orbite dans laquelle la sonde se trouve. Lors du passage au périapse (le point de l'orbite le plus proche de Mars), Nozomi analysera par télédétection la basse atmosphère et la surface de Mars, tout en effectuant une étude directe de la haute atmosphère et de l'ionosphère. A l'apoapse (la partie de l'orbite la plus éloignée de Mars), ce sera l'occasion d'étudier les ions et les gaz qui s'échappent de l'atmosphère martienne et l'interaction du vent solaire avec l'atmosphère. Voici la liste complètes des différents instruments scientifiques de Nozomi :
Nozomi possède aussi un oscillateur ultrastable (Ultra Stable Oscillator ou USO), associé au système de communication radio. L'USO, fourni par la NASA, n'est pas vraiment un instrument scientifique, même s'il va permettre de mener à bien des expérimentations. Si le signal extrêmement précis émis par l'oscillateur va surtout servir de "bip" d'horloge pour les ordinateurs de bord et permettre le guidage de la sonde, il servira aussi à étudier l'atmosphère martienne. La missionLe lancement de Nozomi a eu lieu dans le sud du Japon, au centre spatial de Kagoshima dans l'île de Kyushu, le 3 juillet 1998 à 18:12 UTC (soit le 4 juillet à 3:12 A.M. heure japonaise). Cette date a été choisie pour célébrer le premier anniversaire de l'atterrissage de la sonde américaine Pathfinder, qui s'est posée sur Mars le 4 juillet 1997. Les opérations en vol sont conduites depuis le centre d'opérations de Sagamihara. Nozomi a été lancée par une fusée M-5, qui l'a placé autour de la Terre sur une orbite elliptique (7000 km x 400 000 km). Avant de partir vers Mars, la sonde est restée quatre mois dans la banlieue terrestre. Pendant cette période, elle a survolé la Lune à deux reprises pour profiter de son assistance gravitationnelle et augmenter sa vitesse. Un survol de la Terre devait lui donner l'impulsion finale nécessaire à son voyage vers la planète rouge. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. La première rencontre avec la Lune a eu lieu le 24 septembre 1998 et l'énergie obtenue lors de ce survol a permis à la sonde d'augmenter l'altitude de l'apogée. Le deuxième rase-motte lunaire a eu lieu le 18 décembre 1998 et deux jours plus tard, le 20 décembre 1998, la sonde frôlait la planète Terre. Malheureusement pour les japonais, un incident dramatique se produisit lors de ce passage rapproché. Pendant la manœuvre, les ingénieurs se rendent vite compte qu'une valve du sous système de propulsion ne s'est pas ouverte. Pour remettre la sonde dans le droit chemin et compenser la diminution de la poussée, les navigateurs programment dans l'urgence une manœuvre propulsive. Le 21 décembre 1998, Nozomi allume son moteur pendant 7 minutes. Mais à l'issue de la manœuvre, les ingénieurs découvrent que la consommation de carburant a été bien plus importante que prévue, et que la petite sonde ne dispose plus d'assez de carburant dans ses réservoirs pour se diriger vers la planète Mars ! Le 11 janvier 2000, les responsables japonais annoncent officiellement la déviation de la sonde vers une orbite solaire transitoire. Nozomi va devoir effectuer trois rotations autour du Soleil et deux assistances gravitationnelles terrestres (le 21 décembre 2002 et le 19 juin 2003), avant de rejoindre la planète Mars en décembre 2003. Si la sonde est sauvée, le bilan est cependant dramatique, puisque la mission a désormais pris quatre années de retard. L'insertion en orbite martienne était initialement prévue pour le 11 octobre 1999, après un voyage de 700 millions de kilomètres qui aurait duré seulement 10 mois. La sonde devait se placer sur une orbite fortement excentrique (150 à 300 km de périapse, 27 300 km d'apoapse), avec une inclinaison de 138 degrés et une période de révolution de 38 heures. Après un certain temps, le périapse devait être déplacé à 150 km seulement de la surface de Mars pour permettre des mesures in situ dans la thermosphère et la basse exosphère. La mission devait durer une année martienne (soit deux années terrestres), mais il était prévu qu'elle puisse se prolonger au-delà de cette période. Ironie du sort, elle ne commencera en fait qu'en décembre 2003 ! Quatre années d'attente, c'est beaucoup, d'autant plus que la sonde n'a pas été conçue pour un voyage interplanétaire aussi long. Certains instruments scientifiques pourraient très bien ne pas résister à un séjour aussi important dans l'espace et la dégradation de la charge utile pourrait empêcher la sonde d'accomplir quelques-uns de ses objectifs initiaux. De la même manière, la perte d'un sous système critique (comme le sous système de télécommunication radio) pourrait ruiner la mission. Malgré tout, la situation ne présente pas que des inconvénients. Les scientifiques ont d'ores et déjà mis à profit la longue phase de croisière en planifiant des observations du milieu interplanétaire avec les nombreux instruments de la charge utile. En arrivant en décembre 2003, Nozomi commencera également sa mission avec une activité solaire réduite (ce qui est intéressant d'un point de vue scientifique) et pourra travailler de concert avec l'orbiteur Mars Express de l'agence spatiale européenne. Pour en savoir plus :
Chroniques martiennes :
Nozomi, la fin de l'espoir ? |
Avec 14 instruments scientifiques, Nozomi va étudier la haute atmosphère martienne et son interaction avec le vent solaire (Crédit photo : droits réservés). La sonde Nozomi s'élance vers Mars à bord d'une fusée M5, le 4 juillet 1998. C'est la première sonde japonaise à partir vers une autre planète (Crédit photo : ISAS). La sonde japonaise Nozomi n'est pas partie directement vers la planète rouge et a passé 5 mois dans la banlieue de la Terre. Après un décollage le 4 juillet 1998, elle a en effet survolé deux fois de suite la Lune pour prendre de la vitesse (septembre et décembre 1998). Après avoir profité de l'assistance gravitationnelle de la Terre, elle s'est enfin élancée vers Mars. La mise en orbite était initialement prévue pour le mois d'octobre 1999, mais elle n'aura finalement lieu qu'en décembre 2003. Nozomi a en effet pris 4 ans de retard, suite à une trop grande consommation de carburant lors d'un loupé dans une manuvre le 20 décembre 1998. La position particulièrement favorable de Mars en 2003/2004 a cependant permis de continuer la mission (Crédit photo : droits réservés). Nozomi a pris sa première image le 18 juillet 1998 avec sa caméra MIC (Mars Camera Imaging). La distance entre la sonde et le couple Terre Lune était respectivement de 168100 km et de 535300 km (Crédit photo : ISAS).
A cause de l'échec d'une manœuvre au voisinage de la Terre le 20 décembre 1998, Nozomi va être obligée de passer quatre années supplémentaires dans l'espace. Elle ne pourra rejoindre Mars qu'après avoir effectué trois révolutions autour du Soleil et deux passages rapprochés près de la Terre (en décembre 2002 et juin 2003). L'arrivée est prévue pour le mois de décembre 2003. Nozomi n'a pas été conçue pour tenir aussi longtemps. Son transmetteur radio à bande S a d'ailleurs lâché en 1999 et il ne lui reste plus que son transmetteur de secours à bande X pour communiquer. Avec un peu de chance, la sonde pourrait cependant toujours être en état de fonctionner lors de son arrivée tardive début 2004. Si tout se passe correctement, Nozomi s'insérera sur une orbite de 150 km de périapse et de 51 000 km d'apoapse (Crédit photo : droits réservés). |
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