Strobile de prêle (Equisetum), coupe transversale (x4)

 

 

Les prêles, qui affectionnent les endroits humides et ombragés, sont formées d'un rhizome souterrain vivace à partir duquel sont émis deux types de tiges : des tiges végétatives, stériles, chlorophylliennes et très ramifiées, et des tiges fertiles, brunâtres et non ramifiées, qui portent à leur extrémité un épi sporifère, le strobile. En botanique, le strobile est un terme un peu générique qui désigne un objet compact, sans plus de précision quant à sa nature, et qui est organisé de pièces insérées en spirale. Le terme s'applique donc bien à l'épi sporifère des prêles, mais il est aussi valable pour la pomme de pin, et même certaines inflorescences.

L'épi sporifère des prêles est composé de la réunion de nombreuses écailles ou écussons, que l'on nomme sporangiophores (ce qui signifie porteurs de sporanges). Ces sporangiophores sont peltés, un autre terme désignant un organe circulaire ou elliptique supporté par un pied central. Quand on les regarde à la loupe, on peut en effet se rendre compte que chaque écaille ressemble à une petite plaquette hexagonale, avec, sur sa face inférieure, un minuscule pédoncule inséré en position centrale. L'ensemble fait penser à une petite table anguleuse à pied central, ou, un peu moins évocateur, un clou à tête plate.

Lorsque le strobile est jeune, les plaquettes sont étroitement serrées les unes contre les autres, et vu de l'extérieur, elles évoquent un joli pavage. Une fois parvenu à maturité, elles s'écartent cependant pour ménager entre elles tout une série d'espaces, ce qui va permettre la libération des spores. Sur leur face inférieure, situés tout autour du pédicelle central sont effectivement apparus une dizaine de sacs pendants, les sporanges. Ces derniers renferment un grand nombre de spores caractéristiques.

Chaque sporange provient de la division répétée d'une seule cellule épidermique. En se multipliant, celle-ci va notamment former les multiples assises de la paroi sporangiale. Contrairement à une fougère comme le polypode, qui possède un sporange à une seule assise externe protectrice (leptosporange), les sporanges des prêles sont des eusporanges, leur paroi externe étant constituée de plusieurs couches cellulaires. Au départ, les assises protectrices sont au nombre de 4 ou 5, mais il n'en subsiste plus que 2 une fois le sporange parvenu à maturité. Celles-ci sont alors porteuses d'épaississements spiralés intervenant dans la déhiscence. Sous la paroi protectrice se trouve un tapis nourricier, qui secrète de nombreux composés nutritifs à destination des spores haploïdes, issues de la méiose de cellules mères.

En s'inscrivant par définition sur un plan, la coupe transversale d'un épi sporifère de prêle présentée sur cette page et colorée par le mélange safranine/vert rapide ne peut hélas pas rendre compte de la beauté et de la complexité de cet organe dans les trois dimensions de l'espace. Elle est cependant suffisante pour distinguer ses principales caractéristiques : le microscope montre qu'autour d'un axe central sont rattachés par des pédoncules des éléments aux sommets tabulaires (les sporangiophores), et à la face inférieure desquels se trouvent des sacs (les sporanges) renfermant un grand nombre de spores sphériques. Dans les sporanges, les élatères des spores sont déployées, étant donné que le procédé utilisé pour obtenir la coupe (inclusion en paraffine) a déshydraté les tissus ainsi que les spores.

 

   
Sporange de prêle (Equisetum), coupe transversale, lignification de la paroi, spores avec élatères, Safranine/fast green (x34) L'image ci-dessus est annotée    

 

 

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