Life - Origine Inconnue

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Life - Origine Inconnue
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Note : 3 etoiles
Réalisateur :
Daniel Espinosa
Studio
: Sony Pictures
Sortie : 19 avril 2017
Durée : 104 minutes

Dans la station spatiale internationale, présentée ici dans une version bien plus évoluée que celle de la réalité et transformée pour l'occasion en une sorte de laboratoire P4, six astronautes s'apprêtent à récupérer les premiers échantillons de sols jamais collecté sur Mars.

Leur mission commence plutôt mal : frappée par un nuage de micrométéorites, la capsule Pilgrim est sortie de sa course nominale, et s'est placée accidentellement sur une trajectoire de collision avec l'ISS. Un astronaute décide alors d'effectuer une sortie extravéhiculaire pour tenter de la récupérer au vol avec un bras robotique, tel un volant de badminton. Une situation en elle-même déjà fort irréaliste du point de vue des risques encourus, mais qui a le mérite d'annoncer la couleur.

Si l'on peut être certain d'une chose avec Life (traduit maladroitement par Life - Origine Inconnue en France), c'est que le film n'a vraisemblablement pas reçu le soutien de la NASA (d'où la présence sur les combinaisons de logos de l'agence spatiale américaine qui n'ont rien d'officiels). Et pour cause : si le réalisateur et les scénaristes s'étaient donnés pour mission de torpiller une mission de retour d'échantillons martiens en flanquant une frousse d'enfer aux spectateurs, ils ont parfaitement réussi. Le film, qui mélange habilement horreur et science-fiction, est de ce point de vue un tour de force, et s'il lorgne parfois un peu trop du côté de l'Alien de Ridley Scott (auquel il est souvent comparé, et pour cause), il parvient rapidement à acquérir une identité propre. Rythmé et graphique, bénéficiant d'effets spéciaux spectaculaires et réussis, il ne ménage pas le spectateur, pour ne rien dire du twist final, inattendu et choquant.

Daniel Espinosa, le réalisateur, est également parvenu à donner une certaine épaisseur aux personnages, dont la plupart, film d'horreur oblige, ne vont pourtant pas faire long feu. Le médecin David Jordan (interprété par Jake Gyllenhaal) retrouve dans l'espace une quiétude que les horreurs de la guerre avaient rendu impossible, le docteur Hugh Derry (exobiologiste), souffrant d'une paralysie des jambes, parvient probablement à sublimer ses souffrances en recherchant des traces de vie dans l'Univers, et Rory Adams (joué par Ryan Reynolds) semble être un ingénieur de vol très efficace et pragmatique. Les risques liés à l'étude d'une forme de vie extraterrestre, même cellulaire, étant réels, l'équipage comporte également un membre du célèbre centre de prévention et de contrôle des maladies à Atlanta (CDC), le docteur Miranda North (Rebecca Ferguson).

Présentée comme responsable des règles de quarantaine (il faudrait plutôt parler ici de protection planétaire), le docteur North a pour mission principale de s'inquiéter de tout ce qui pourrait arriver, et de penser en permanence au pire (comme le spectateur pourra s'en rendre compte, sans doute avec un certain délice pour ceux qui aiment frissonner, elle va énormément manquer d'imagination !). Comme dans la réalité, le système mis en place pour contenir la dangerosité des échantillons ramenés de Mars s'articule sur le concept de la double barrière (dans Life, les astronautes préfèrent parler de firewalls plutôt que de barrière, le terme étant probablement plus sexy). Les échantillons sont placés dans un incubateur (une boite à gants étanche), lui-même placé dans un laboratoire doté d'un sas, ce dernier étant intégré à la station.

La présence, dans les échantillons martiens, d'une forme de vie, apparemment détectée bien auparavant sur Mars, rend la composition de l'équipage crédible, tout comme l'équipement dont bénéficie la station. Le réalisme s'arrête cependant là, et très rapidement, l'équipage ne va cesser d'enchaîner des bourdes de plus en plus grosses, certes nécessaires pour que l'histoire fonctionne (Life n'est après tout qu'un film hollywoodien), mais qui font néanmoins grincer des dents au bout d'un moment. Mettre en scène des équipages de vaisseaux spatiaux de plus en plus stupides semble être une tendance dans les films de science-fiction récents. Pour la défense de Life, l'équipe en charge du vaisseau colonial Covenant (dans le film Alien Convenant de Ridley Scott, lui aussi sorti en 2017 un mois plus tard), fera encore (presque) pire.

Dans Life, l'intelligence semble donc plutôt être du côté de la créature, une sorte de chimère végétale et animale, qui est particulièrement réussie. Si Life est avant tout un film d'action, il propose également quelques pistes de réflexion, dont la plus intéressante concerne la source de l'hostilité du martien, baptisé Calvin par des écoliers hilares. Un anthropologiste a expliqué un jour que pour aller à la rencontre de gorilles dans leur milieu naturel, il fallait faire l'effort de se présenter sans armes. Au-delà du pur divertissement, Life aborde donc timidement les enjeux et les angoisses de la rencontre avec l'inconnu, c'est à dire l'autre, d'une façon intéressante et inattendue.

Avec un monstre effrayant, de très belles images, une station spatiale high-tech qui reste pourtant oppressante et claustrophobique, Life est un film efficace, qui laisse une impression tenace et qui parvient à se faire une place dans les productions de S-F les plus récentes, qui sont la plupart du temps décevantes quand on les compare aux classiques. L'assez bon accueil réservé au film par le public et la critique va cependant donner du fil à retordre à la NASA, quand il s'agira de défendre une véritable mission de retour d'échantillons. Et si certains scénarios prévoyaient effectivement la récupération du container comportant les prélèvements de roches, sols, poussière et atmosphère au niveau de la station spatiale internationale, il n'est pas certain que cette option soit encore souvent citée sans quelques rires nerveux après un film pareil.

Certes, il pourrait sembler étrange de penser qu'un film hollywoodien puisse influencer les agences spatiales, mais ce serait une erreur de sous-estimer l'intérêt, - qui sera à mon avis phénoménal - que le public portera à une campagne de retour d'échantillons martiens. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'engouement planétaire suscité par l'annonce de la découverte de microfossiles potentiels dans la météorite ALH84001 en 1996, ou les innombrables citations du roman de Michael Crichton, la variété Andromède, dans les manuels d'exobiologie ou de protection planétaire. Avec Life, Daniel Espinosa a donc réalisé un très bon ou un très mauvais travail, selon le côté ou l'on se place !

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