La surface martienne est un
milieu extrêmement hostile à toutes formes de vie : les températures sont
glaciales, la pression atmosphérique très
faible et le sol, oxydé et desséché, est
soumis en permanence à un rayonnement ultraviolet nocif. Pourtant, d'après les
recherches de deux microbiologistes de l'université de l'Arkansas, certaines
bactéries terrestres pourraient parfaitement y survivre.
L'année dernière, le professeur Tim Kral a été le premier scientifique à
étudier la croissance de microorganismes terrestres dans des conditions proches
de celles qui règnent aujourd'hui sur la planète rouge.
Des bactéries méthanogènes, qui comptent parmi les organismes les plus
primitifs sur Terre, avaient été sélectionnées pour l'occasion. Ces
étonnants microbes colonisent des milieux aussi divers et variés que le fond
des océans, les profondeurs de la croûte terrestre ou la panse des ruminants.
Capable de vivre en absence totale d'oxygène, ils tirent leur nom du méthane
qu'ils rejettent en abondance et qui est l'un des nombreux produits issus de
leur métabolisme.
Pour cultiver ces bactéries dans des conditions martiennes, les
microbiologistes ont jeté leur dévolu sur de la cendre volcanique d'Hawaï,
qui partage certaines propriétés avec le sol martien tel que nous le
connaissons. La cendre est placée dans un mélange gazeux riche en dioxyde de
carbone (le principal constituant de l'atmosphère martienne) et le tout est
agrémenté d'un soupçon d'hydrogène et de quelques gouttes d'eau.
Les bactéries méthanogènes ont apparemment trouvé la mixture à leur goût,
puisqu'elles se sont fort bien développées en puisant dans ce milieu rustique
tous les éléments nécessaires à leur croissance.
Après avoir prouvé que des bactéries pouvaient parfaitement s'accommoder des
conditions drastiques de la surface martienne, Tim Kral se focalise aujourd'hui
sur les facteurs qui pourraient affecter la croissance des microorganismes.
Les premières recherches ont montré l'existence d'un facteur d'échelle pour
certains paramètres comme la surface des tubes de culture. Certaines espèces
pousseraient effectivement bien mieux en étant à l'étroit, les grands espaces
ayant la fâcheuse tendance à inhiber leur développement. La population
bactérienne ainsi que le niveau d'humidification du sol auraient également un
rôle à jouer.
Les bactéries méthanogènes ne sont pas les seules bestioles qui pourraient
élire domicile à la surface de Mars. Le champion toute catégorie est
probablement la bactérie Deinococcus Radiodurans. Les microbiologistes la
disent capable de résister aux principales agressions qui mettraient à mal
bien des microorganismes conventionnels. Une fois modifiées génétiquement,
Deinococcus Radiodurans et ses consœurs pourraient se révéler très utiles
aux futurs explorateurs martiens, en servant par exemple d'engrais pour le sol
ou d'usine à médicaments portable.
Cet article a été publié
pour la première fois sur le site Geoman.Net.
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