Chroniques martiennes

Scout, un nouvel atterrisseur martien

Vendredi 21 avril 2000
Un scout (Crédit photo : NASA/JPL)
La perte de l'atterrisseur Mars Polar Lander en décembre 1999 a provoqué un véritable séisme à la NASA, dont les fondations étaient déjà bien fragilisées par la disparition de la sonde Mars Climate Orbiter trois mois auparavant.

L'agence spatiale américaine essaye aujourd'hui de redonner un nouveau souffle à son programme d'exploration martien. Et la mascotte pourrait bien être un concept original d'atterrisseur baptisé Scout. L'étude conceptuelle a débuté en février et devrait prendre fin au mois de juin.

Petits, robustes et fiables, les Scouts seraient avant tout des sondes de reconnaissance. Envoyés comme éclaireurs, ils serviraient à jauger un site d'atterrissage avant que celui-ci ne reçoive plus tard la visite d'engins plus gros et plus coûteux. Les Scouts pourraient également rendre les scientifiques plus audacieux en leur permettant de jeter un coup œil sur des terrains qui feraient frémir d'angoisse les atterrisseurs conventionnels.

Avant la révision du programme d'exploration de la planète rouge, le bestiaire des petites sondes martiennes était impressionnant : des pénétrateurs aux microrovers, on y trouvait de tout. La NASA entend maintenant simplifier sa flotte d'atterrisseurs. Si le projet reçoit le feu vert de l'agence spatiale américaine, Scout deviendra une plate-forme de base pour les atterrisseurs, qui pourra être modifiée et améliorée au fur à et mesure des besoins.

Dans un premier temps, Scout devra remplir des objectifs plutôt modestes sur des terrains variés du point de vue de l'altitude, de la latitude et de la topographie. Son premier objectif sera de photographier le site d'atterrissage lors de sa descente vers la surface. Les images ainsi obtenues permettront de relier les clichés pris depuis la surface martienne avec ceux collectés par les satellites en orbite. Une fois au sol, le petit atterrisseur devra analyser le site d'atterrissage grâce à une caméra stéréo montée sur un mât. Les scientifiques seront alors à même de caractériser la morphologie, la topographie et la géologie du site. Sur la base de ces informations, ils décideront si celui-ci mérite la visite d'un atterrisseur plus complexe, ou, reconnaissance suprême, la collecte d'échantillons en vue d'un retour sur Terre.

Après avoir essuyé les plâtres, Scout sera amélioré et recevra un spectromètre infrarouge pour étudier la composition minéralogique des roches ainsi qu'un dispositif permettant l'étude de l'atmosphère pendant la descente.

Un Scout pèserait moins de 100 kg et son design serait similaire à celui de la sonde britannique Beagle 2 - qui partira vers Mars en 2003 sur le dos de l'orbiteur de l'Agence Spatiale Européenne, Mars Express. Les deux premiers Scouts devraient eux aussi s'élancer vers la planète Mars en 2003. Ils voyageront peut-être en compagnie d'un atterrisseur plus gros ou d'un orbiteur. Ils pourraient également partir avec les petits satellites de télécommunication que la NASA prévoit d'envoyer dans le cadre du projet MarsNet.

Ces satellites de télécommunication, qui amélioreraient sensiblement les liaisons radio entre la Terre et Mars, seront utilisés comme relais par les Scouts. Les contraintes de masse et d'énergie qui pèsent sur ces petits engins empêcheront effectivement l'établissement d'une liaison directe entre la planète rouge et la Terre.

Les Scouts pourront atterrir soit directement, comme Mars Polar Lander, soit après une mise en orbite préliminaire, comme ce fut le cas pour les atterrisseurs Viking en 1976. Un bouclier thermique ralentira le Scout par friction avec les couches denses de l'atmosphère martienne. Une fois celui-ci éjecté, l'atterrisseur miniature sortira un parachute qui complétera le freinage. Les ingénieurs étudient également de larges ballons remplis de dioxyde de carbone qui pourraient ralentir le petit engin lors de sa descente à travers l'atmosphère martienne. Une fois le câble des ballons coupé, ceux-ci vont se mettre à flotter. Munis de leurs propres caméras, ils pourraient servir de ballons de reconnaissance.

Pour la phase finale de l'atterrissage, le Scout utilisera un système d'airbags similaire à celui de Pathfinder. Ce dispositif devrait lui permettre de se poser sur des sites particulièrement accidentés. Emmitouflé dans son cocon, un Scout pourrait résister à un choc équivalent à une vingtaine de fois la gravité terrestre. Scout serait par exemple capable de survivre à un atterrissage dans Valles Marineris, un site effrayant pour les ingénieurs mais qui fascine les scientifiques.

Le Scout rebondirait de nombreuses fois avant de s'immobiliser définitivement à la surface de Mars. Il s'ouvrirait alors comme une fleur en déployant autour de lui quatre pétales : trois seraient recouvertes de panneaux solaires, la quatrième servant de support à la caméra stéréo ou à un bras robotique. La durée de la mission serait d'une semaine au moins, ce qui semble vraiment très court. Espérons que les Scouts soient aussi robustes qu'audacieux et qu'ils puissent prolonger leur mission sur quelques mois.

Geoman Cet article a été publié pour la première fois sur le site Geoman.Net.

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