Chroniques martiennes

La Planetary Society annonce les deux gagnants du concours Student NanoExperiment

Mercredi 3 mai 2000
L'atterrisseur de Mars Surveyor 2001 (Crédit photo / NASA/JPL)

En 1999, la Planetary Society décide d'offrir une formidable opportunité à de jeunes étudiants du monde entier : celle de participer à une véritable mission spatiale en concevant un instrument scientifique qui partira et fonctionnera sur Mars !

En partenariat avec le Jet Propulsion Laboratory, le centre de la NASA qui conçoit et dirige les sondes interplanétaires américaines, la Planetary Society réserve deux emplacements à bord de MECA, une expérience embarquée sur l'atterrisseur de la mission Mars Surveyor 2001.

L'expérimentation MECA doit permettre d'appréhender les dangers de la surface martienne. A l'aide de quatre instruments différents (un microscope, un laboratoire de chimie, un électromètre et une plaque de tests), elle étudiera les propriétés du sol et la poussière et identifiera les interactions possibles de ces substances avec des matériaux que l'homme mettra un jour en œuvre sur Mars.

La nano-expérience des heureux gagnants du concours prendra place au sein de la plaque de tests. Cette plaque se propose d'étudier les effets de l'environnement martien sur différents matériaux qui rentreront dans la confection des combinaisons spatiales (plastique, plexiglas des visières, nylon des gants, élastomères pour les joints) ou la fabrication des habitats et des robots (métaux, filtres, panneaux solaires).

Pour pouvoir participer, seul ou au sein d'un petit groupe, il fallait être âgé de moins de 18 ans et faire preuve d'une sacré imagination. Car les contraintes qui pesaient sur l'expérience étaient particulièrement nombreuses. L'instrument devait tenir dans le volume d'un dès à coudre (un cylindre de 1 centimètre de diamètre pour 1 centimètre de hauteur) et peser moins de 3 grammes. Du point de vue énergétique, il devait être entièrement autonome : pas question de se brancher sur les batteries de l'atterrisseur. Les étudiants avaient alors le choix entre une expérience passive ne nécessitant pas d'alimentation électrique ou une expérience active qui ne pouvait compter que sur son propre panneau solaire. Les résultats devaient être uniquement recueillis grâce aux observations régulières de la caméra du bras robotique. Les liquides, les composés biologiques et les matériaux radioactifs étaient formellement proscrits. L'utilisation de parties mobiles était aussi déconseillée.

Comme n'importe quelle expérience scientifique, cette nano-expérience devra aussi montrer patte blanche à de nombreux tests avant de pouvoir s'envoler vers Mars. Elle devra être qualifiée pour le vol spatial et prouver qu'elle peut aisément survivre à l'accélération du lancement, à un voyage de plusieurs mois dans le milieu interplanétaire, au choc de l'atterrissage et aux rudes conditions de la surface martienne. Les candidats devaient fournir un prototype de l'instrument ainsi qu'une documentation détaillée de moins de 350 mots. Enfin, il fallait constituer un journal retraçant le développement de la nano-expérience.

Parmi les 10 finalistes du concours, deux expériences ont finalement été retenues. Lucas Moller a conçu un instrument permettant de mesurer l'angle d'une surface à partir duquel la poussière martienne ne peut plus se déposer. Deux autres étudiants, Kelly Trowbridge et Jessica Sherman, ont mis au point une expérience pour étudier l'altération du cuivre dans l'atmosphère martienne.

Les résultats fournis par ces deux expériences ont été jugés suffisamment importants par les membres du jury pour le futur de l'exploration martienne. La poussière, omniprésente à la surface de Mars, constitue un sérieux handicap pour les astronautes. En connaissant l'inclinaison qui empêche les particules de poussière de se déposer, les ingénieurs pourront concevoir des panneaux solaires dont la surface restera naturellement propre. La deuxième expérience permettra d'étudier la corrosion et l'oxydation dans l'atmosphère martienne d'un métal qui pourrait être employé lors des prochaines missions habitées.

Les modèles de vols des deux instruments sont actuellement en cours de construction, tous les coûts associés étant pris en charge par la Planetary Society. Si les expériences passent avec succès la certification spatiale, elles seront intégrées à l'expérimentation MECA.

Seul point noir à l'horizon, l'incertitude qui pèse sur l'atterrisseur de la mission Mars Surveyor 2001. Suite à la perte des deux dernières sondes martiennes de la NASA, son lancement a effectivement été suspendu. La mission pourrait partir deux années plus tard, en 2003, mais rien de définitif n'a encore été annoncé par l'agence spatiale américaine. Le sort de l'atterrisseur devrait être définitivement fixé aux alentours du mois d'août 2000.

Malgré ce développement malheureux, on ne peut qu'applaudir l'initiative de la Planetary Society. Le concours Student NanoExperiment va permettre à des étudiants de se familiariser avec la recherche spatiale et d'acquérir des notions dans des domaines comme la conception d'un instrument, sa mise en œuvre ou encore la récupération, le traitement et l'archivage des données reçues. Sans compter la leçon assénée par les mésaventures de l'atterrisseur 2001. Si le secteur du spatial est passionnant, il est aussi très difficile et risqué...

Geoman Cet article a été publié pour la première fois sur le site Geoman.Net.

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