Dans le cahier du vendredi
3 juillet 1998
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Tout sur le Palm Pilot |
Surcouf, le supermarché
du PC |
Des webs se fédèrent en
«webrings» |
Cybervillage à Pessac |
Un Terrien met
Mars en ligne |
CD-ROM. Un
dictionnaire de la langue des signes |
CD-ROM.
Le sexe du capitaliste |
Forum. L'ubiquité est un don numérique |
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emain, cela fera un an que Philippe Labrot a connu l'émoi
qui l'a lancé dans son colossal travail de publication sur le Web. Le 4 juillet
1997 à 19 h 07, la mission Pathfinder effectuait son «amarsissage»
avec le robot Sojourner qui allait explorer sous le regard de millions de Terriens
un maigre périmètre de la patrie supposée des hommes verts.
«J'ai pris une journée de congé et une demi-heure avant l'arrivée
de la sonde, je me suis connecté sur le site de la Nasa, se souvient Philippe
Labrot. J'ai vécu l'arrivée en direct sur le Net, c'était
formidable.» Philippe Labrot ne s'en est pas vraiment remis. «Le
lendemain matin, j'ai bu mon café en regardant les nouvelles images. Depuis,
chaque matin, je fais ma revue de presse d'actualité martienne.»
Cet ingénieur de 26 ans, titulaire d'un DESS en informatique, qui a été
aussi étudiant en «exobiologie, microchimie, bactériologie...»
se passionne depuis toujours pour la planète Mars. S'apercevant, à
cause de Sojourner, qu'il n'y avait quasiment rien sur le Web qui traitait de Mars
en français, il se lance dans la création de son site.
Un an après, tout est sur «Mars, de la planète rouge à
l'origine de la vie»: traces de vie, missions, géologie, météo,
météorites, études volcaniques, fantasmes... Soit 180 pages
de textes de vulgarisation, d'images animées, de schémas scientifiques,
de graphiques et de photographies de la Nasa (libres de droit). Une véritable
somme (avec des liens qui renvoient sur les images prises par le télescope
spatial Hubble) qui force le respect.
«Chaque matin, je fais ma revue de presse d'actualité
martienne.»
Philippe Labrot |
Maintenant, Philippe Labrot connaît «mieux la géologie martienne
que la terrienne» et sait la cartographie de la planète rouge sur
le bout des doigts. «J'y passe parfois des dimanches entiers.»
Le site fait référence et l'a mené à animer des tables
rondes lors des Rencontres Ciel et Espace du 30 mai, à la Villette à
Paris, et à y faire connaissance avec des personnages mythiques comme Audouin
Dollfus, scientifique pionnier sur ce sujet.
La lecture seule de la bibliographie en ligne témoigne de l'ampleur du
travail accompli: plus de 120 ouvrages et sites web sont cités. Ils composent
la chair du site de ce chercheur et enseignant qui a refusé d'en faire profession
pour choisir l'informatique. Il se réjouit de constater que ses travaux sont
utilisés par des enseignants du secondaire. En somme, Philippe Labrot se défoule
pour le plus grand bonheur des internautes de cette vocation inassouvie. Sur un thème
qui va l'occuper encore pour des années puisque les missions sur Mars vont
se multiplier à partir de décembre prochain.
Et en attendant de voir «enfin les hommes s'y poser», de découvrir
des traces d'«archéobactéries» qu'il appelle de
ses voeux, ou même «que des échantillons reviennent en 2008»,
Philippe Labrot continue d'explorer Mars à sa façon: par le Web.
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