Chassigny (Crédit photo : Ron Baalke)

Chassignite

chute observée trouvaille

Date :
Lieu :
Poids :
Age :
Type :

3 octobre 1815
Chassigny (France)
4000 g
1,36 milliards d'années
Chassignite
(dunite)

La météorite de Chassigny représente le spécimen type du groupe des Chassignites. Elle a longtemps constitué le seul exemplaire de ce groupe jusqu'à la découverte de NWA 2737. Sa chute a été observée en France en 1815 près du village de Chassigny sur le plateau de Langres (Haute-Marne), à une époque ou la véritable nature des météorites venait seulement d'être comprise (la chute historique de la météorite de l'Aigle remonte au 26 avril 1803). La Chassignite est tombée le même jour que celle de Zagami, un 3 octobre. Si elle pesait à l'origine 4 kilos, la majeure partie a été perdue, et nous ne disposons plus à l'heure actuelle que de 570 grammes de roche martienne.

Notre Chassignite est un cumulat, c'est à dire une roche formée par l'accumulation dense d'un ou plusieurs minéraux au fond d'une chambre magmatique. Ici, la roche est presque exclusivement composée d'olivine, ce qui en fait une dunite. Sa composition est la suivante : 91,6 % d'olivine riche en fer, 5 % de pyroxène, 1,7 % de plagioclase et 1,4 % de chromite (riche en Fe3+). Elle renferme également 0,3 % d'inclusions vitreuses (observables par exemple dans les cristaux d'olivine), dans lesquelles on distingue parfois des amphiboles riches en titane (kaersutite). On trouve enfin une foule de minéraux accessoires en très petites quantités : feldspaths alcalins, biotite, oxydes (ilménite, rutile, baddeleyite), sulfures (marcasite, pentlandite, troilite) et phosphates (chlorapatite). Les fractures qui parcourent la roche sont obstruées par des carbonates et des sulfates, ce qui atteste d'une altération par de l'eau liquide.

De part son age relativement jeune (1,36 milliards d'années), la concentration en terres rares (REE) et les rapports isotopiques de l'oxygène, la Chassignite appartient indubitablement à la famille des météorites martiennes, et semble assez proche du groupe des Nakhlites. On note en particulier une anomalie dans le rapport 142Nd/144Nd (néodyme), qui est caractéristique de ces dernières.

Le magma à partir duquel la météorite a cristallisé aurait cependant une origine plus profonde que celui des Nakhlites. La Chassignite renferme effectivement en son sein des bulles de gaz dont la composition est sensiblement différente des inclusions gazeuses d'EETA 79001 et de l'atmosphère martienne. Ces gaz auraient une origine mantellique.

Au moment de l'impact qui l'a éjecté de la surface martienne, la Chassignite a été soumise à des pressions considérables (entre 75 et 90 GPa). Le rapport deutérium/hydrogène de l'eau extraite de la Chassignite est très proche de la valeur terrestre, et une contamination (qui fausserait les conclusions des analyses) n'est donc pas à exclure. L'age d'exposition aux rayons cosmiques (la durée pendant laquelle la météorite a erré dans l'espace avant d'échouer sur Terre) a été estimé à 10 millions d'années.

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