La Guerre des Mondes

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La guerre des Mondes
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Note : 5 etoiles
Auteur :
Herbert George Wells
Editeur
:
Gallimard (Folio Plus)
Parution : 1898 (1998 pour cette édition)
Epaisseur : 359 pages

La guerre des Mondes de Herbert George Wells Dans l'obscurité confortable de son observatoire, un astronome scrute la planète Mars, quand un flash violent vient illuminer sa surface auparavant sans vie. L'étonnant phénomène se répète les nuits suivantes, et les spéculations vont bon train pour l'expliquer. Quelques temps après, un étrange cylindre s'écrase dans une lande paisible près d'une petite ville anglaise. Les gens intrigués qui s'approchent du cylindre pour tenter de porter secours à ses éventuels occupants ne le savent pas encore, mais de commencer vient juste la guerre des Mondes !

Herbert George Wells, que beaucoup considèrent comme le père de la science-fiction moderne, a écrit avec la guerre des Mondes l'un de ses plus grands chef-d'œuvres. Apparu en 1897 dans un magazine, puis publié en 1898, ce roman fut le premier à décrire des extraterrestres à l'identité propre, intelligents et totalement inhumains.

Les martiens de Wells sont des créatures répugnantes et monstrueuses. Leur tête, démesurée et munie d'organes de préhension tentaculaires, les rapproche plus du calamar que de l'homme. Avec un cerveau disproportionné surmontant un corps frêle, dont les faiblesses sont compensées par l'usage d'une technologie ingénieuse, les martiens se placent d'entrée au-dessus de l'Homme dans l'échelle de l'évolution, en tout cas dans la vision populaire de l'époque. Wells, comme beaucoup d'autres, était effectivement très marqué par la théorie de l'évolution formulée en 1859 par Darwin.

Si les martiens sont d'abord présentés comme des êtres faibles (la gravité terrestre, trois fois plus forte que celle de Mars, les empêche effectivement de se mouvoir rapidement), ils ne vont pas tarder à dévoiler leur puissance, qui n'aura d'égale que leur cruauté. A peine se sont-il extirpés de leur capsule spatiale qu'ils se mettent à assembler des tripodes, véritable char d'assaut monté sur pattes. Equipées d'armes surpuissantes, comme le rayon ardent (probablement inspiré des rayons X découverts par Röntgen deux années auparavant) ou les cracheurs de fumées noires, ces machines infernales vont semer la terreur et la destruction sur leur passage. Après avoir anéanti avec une facilité désopilante quelques villes et villages, les tripodes convergent comme un seul homme vers Londres, en générant devant eux une énorme vague de panique et d'effroi ..

La guerre des Mondes est d'abord un récit passionnant, qui raconte le désarroi et la lutte désespérée des hommes face à un cataclysme qui semble tout droit sorti des enfers. Wells s'est appuyé sur de nombreux éléments scientifiques pour rendre l'invasion martienne la plus crédible possible. Dès le premier chapitre, il évoque les travaux de Schiaparelli et de Perrotin, ainsi que les flashs de lumière observés par l'observatoire de Lick en 1894 (Mars étant alors en opposition). Le gaz émis lors du lancement des cylindres martiens se révèle être, après analyse spectrographique, de l'hydrogène (un combustible qui est effectivement brûlé aujourd'hui dans les moteurs de nombreuses fusées). Wells s'est également attaché à rendre plausible aussi bien la biologie des envahisseurs que l'environnement de leur planète d'origine, d'où l'agréable impression de cohérence qui se dégage du roman.

Le combat qui oppose humains et martiens est relaté ici par une seule personne, sorte de correspondant de guerre témoin des étapes clés de l'invasion extraterrestre. Au-delà du récit de science-fiction, qui ne manque ni d'action, ni de catastrophes, la Guerre des Mondes est également un roman politique. Derrière les exactions des habitants de la planète rouge se profile en palimpseste une vigoureuse dénonciation des velléités colonialistes de l'Angleterre victorienne, les martiens se comportant avec les humains comme les anglais en Afrique. La fin, totalement inattendue, est aussi bien un rappel des ravages que l'homme a causé en important des maladies au sein de populations démunies d'une immunité adaptée, qu'un constat du caractère futile et dérisoire des activités humaines. Bien que luttant âprement pour leur survie en s'agitant dans tous les sens comme des déments, les hommes ne seront effectivement pas responsables de l'éradication des martiens ...

Certains textes semblent traverser le temps sans prendre une ride, et la Guerre des Mondes est de ceux là. Ce roman culte, dont Orson Welles tirera une adaptation radiophonique particulièrement inspirée en 1938, et qui a été porté à l'écran par Byron Haskin en 1953, n'a rien perdu de sa force, plus d'un siècle après sa parution. Un chef d'œuvre à lire et à relire, en attendant la nouvelle adaptation de Spielberg prévue pour 2005.

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