Chroniques martiennes

Mars entre dans les écoles américaines

Mercredi 29 novembre 2000
Mars Odyssey (Crédit photo : NASA/JPL)
L’Université d’Arizona et la NASA vont créer ensemble un nouvel établissement pour faciliter et promouvoir l’étude de Mars auprès des scientifiques et des étudiants.

Mars est à la mode, et il suffit pour s’en convaincre de se rappeler l’incroyable engouement qui a suivi l’atterrissage du petit robot Sojourner durant l’été 1997. Si la planète rouge est un support publicitaire idéal pour la NASA, et s’il est de toute façon dans les obligations de l’Agence spatiale américaine d’informer le public sur ses activités, il faut reconnaître que les opérations de promotions martiennes ont donné lieu à d’intéressantes manifestations pédagogiques.

Lors de la mission Pathfinder, les étudiants et les enseignants américains s’étaient contenté d’être de simples spectateurs privilégiés. En créant conjointement avec l’Université d’Arizona un nouvel établissement martien, la NASA compte aujourd’hui leur faire véritablement prendre part à une mission spatiale. Baptisé PIF-ATI (Planetary Imaging Facility and Advanced Training Institute), cette structure était conçue à l’origine pour supporter l’instrument THEMIS, mais la NASA a depuis revu ses ambitions à la hausse.

Embarqué sur la sonde Mars Odyssey qui doit partir vers Mars en avril 2001, l’instrument THEMIS combine une caméra et un spectromètre infrarouge. Cet appareil devrait retourner à la Terre des dizaines, sinon des centaines de milliers d’images de la planète Mars. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas allouer une infime fraction de ces images à des classes de collège et lycée, qui participeraient ainsi pour la première fois de façon active à l’exploration du système solaire ?

L’opportunité formidable d’utiliser un véritable instrument en activité autour de la planète Mars va devenir une réalité pour les classes américaines. Epaulés par leurs professeurs et par des chercheurs de l’Université d’Arizona ou du Jet Propulsion Laboratory - le centre de la NASA qui dirige les sondes d’exploration interplanétaires - les élèves des collèges et lycées vont pouvoir proposer la photographie de telle ou telle région de la planète Mars, en argumentant scientifiquement leur choix.

Les apprentis planétologues se feront alors allouer une petite fraction du temps d’observation de THEMIS, et les plus chanceux se rendront dans les laboratoires pour préparer l’acquisition des données. Une fois ces données recueillies et transmises à la Terre, les élèves devront dépouiller les informations et les interpréter. L’étape finale consistera à présenter publiquement les trouvailles qu’ils auront effectué à la surface de Mars.

L’établissement PIF-ATI permettra également à des scientifiques n’appartenant pas aux équipes de la mission Mars Odyssey d’accéder avec une plus grande facilité à l’instrument ou aux données qu’il aura recueillies. L’accès aux archives sera par exemple libre, ce qui contrastera fortement avec les méthodes de gestion actuellement en vigueur pour les données de certains instruments, comme les clichés obtenus par la caméra de la sonde Mars Global Surveyor. Après leur réception, ces images sont jalousement gardées par une poignée de scientifiques, l’embargo ne prenant fin qu’au bout de six longs mois, un délai un peu long qui a eu le don d’irriter une certaine partie de la communauté scientifique.

La NASA a également dans ses cartons le projet d’ouvrir l’établissement PIF-ATI aux étudiants des universités, qui pourront ainsi se former aux opérations sur une sonde spatiale. Les participants auront l’occasion de se faire la main sur les données réelles de télémétrie de Mars Global Surveyor, ainsi que sur les séquences de commande des instruments THEMIS et TES (un spectromètre infrarouge embarqué sur Mars Global Surveyor). Des simulations utilisant des systèmes de réalité virtuelle seront également au programme.

Si la création de l’établissement PIF-ATI est une bonne opération pour la NASA - qui voit là un excellent moyen de se valoriser auprès de la population américaine - c’est également une excellente initiative, propre à développer la curiosité des élèves et à faire naître des vocations.

Directement impliqués au sein d’une mission spatiale, les élèves découvriront un autre visage de la science, bien différent de celui habituellement distillé par les manuels scolaires ou les musées vieillissants et austères. Reste que pareille opportunité ne devrait pas être exclusivement réservée aux élèves américains, et qu’il serait souhaitable de voir naître des initiatives semblables dans l’hexagone. La forte participation française dans le programme martien, et en particulier l’envoi d’un orbiteur frappé du drapeau français en 2007, serait l’occasion idéale de faire entrer la planète rouge et ses mystères dans nos propres écoles.

Geoman Cet article a été publié pour la première fois sur le site Geoman.Net.

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