L'association Planète Mars, l'émanation française de la Mars Society , une organisation internationale dont le but est de promouvoir l'envoi de
l'homme sur la planète Mars dans un futur proche, devient de plus en plus active en France. Créée au mois de mars 1999, soit environ six mois après la fondation de la Mars Society, cette association cherche à informer et à sensibiliser le public sur les enjeux de la conquête martienne. C'est dans cette optique qu'elle a organisé le samedi 7 octobre 2000 une conférence-débat centrée sur la problématique de l'eau martienne. La manifestation a débuté par une conférence du géographe Gilles Dawidowicz, qui a présenté et commenté les étonnants paysages découverts récemment par la sonde
Mars Global Surveyor. Cet exposé introductif a ensuite été suivi d'une intervention de Nathalie Cabrol, une planétologue française travaillant au centre Ames de la NASA, dont les laboratoires sont implantés en plein coeur de la Silicon Valley (Californie). Pour réaliser ce duplex téléphonique transatlantique - décalage horaire oblige -, Nathalie Cabrol s'était levée de très bonne heure. Cette intervention à une heure avancée de la nuit n'avait cependant absolument pas émoussé l'enthousiasme de la jeune scientifique.
Selon Nathalie Cabrol, les images renvoyées par Mars Global Surveyor montrant des traces d'écoulements liquides récents
sur Mars, sont « convaincantes à 90 % ». Même si de nombreuses interprétations ont déjà été proposées (avalanches de matériaux secs, coulées pyroclastiques similaires à des nuées ardentes, épanchement de CO2 liquide), l'hypothèse de l'eau reste la plus sérieuse, avec un bémol cependant : pour rester liquide à des températures très basses, celle-ci devait être fortement salée.
L'existence de saumures à la surface de Mars n'est pas une surprise en soi. Nathalie Cabrol rappelle que les analyses chimiques effectuées par les atterrisseurs
Viking puis Pathfinder, ont démontré que le
sol martien était très riche en composés salés. Ceux-ci sont même susceptibles de cimenter entre elles les particules minérales de la surface. Pour cette planétologue, il ne fait également aucun doute que les ravines qui entaillent les versants des vallées et des cratères d'impact martiens sont extrêmement jeunes. Contrairement à une idée communément admise, Mars ne serait pas une planète morte du point de vue hydrologique, mais seulement une planète dormante. Une hypothèse qui ouvre des perspectives fascinantes pour la recherche d'une vie et son exploration par des hommes.
La conférence a été cloturée par un débat auquel avaient pris part plusieurs invités. Outre Gilles Dawidowicz, le public pouvait poser ses questions à Alain Souchier (ingénieur à la SNECMA), Richard Heidmann (président de l'association Planète Mars) et Charles Frankel (géologue, écrivain et auteur du livre "La vie sur Mars").
Dans la salle, des géographes ou géologues professionnels côtoyaient des néophytes, ce qui a contribué à rendre le débat riche et varié. De nombreux thèmes ont ainsi été abordés, depuis les projets de
missions habitées jusqu'à la présence de bactéries halophiles (c'est-à-dire aimant le sel) sur Mars, en passant par le difficile processus de sélection de sites d'atterrissage. La manifestation, qui se tenait au CNES à Paris, fut au final un beau succès. La salle de l'espace qui accueillait les participants était comble et n'a pas désempli, bien que le débat se soit prolongé tardivement. Tout juste pouvait-on regretter l'absence de certains invités, comme Albert Ducrocq ou Marie-Christine Maurel.
Même si elle ne dispose pas des moyens de sa grande sœur la Mars Society, l'association Planète Mars multiple ses actions et affiche un beau dynamisme. Avec le chapitre allemand, elle avait déjà aidé à sauver la sonde
Mars Express d'une annulation pure et simple. Pour l'atterrissage de
Mars Polar Lander le 3 décembre 1999, elle avait également organisé une soirée spéciale au Palais de la Découverte, à Paris. Ce fut là aussi un franc succès, même si la fête fut quelque peu ternie par la disparition brutale de la sonde américaine. Planète Mars s'est également investie dans l'exposition « Objectif Mars », inaugurée le 17 avril dernier à la Cité de l'Espace de Toulouse, et qui débarquera au Palais de la Découverte l'année prochaine.
L'association a déjà dans ces cartons d'autres projets pour les mois et l'année à venir. Gageons que ces manifestations deviendront vite incontournables pour les fans de la planète Mars.
Cet article a été publié
pour la première fois sur le site Geoman.Net.
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